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Madagascar: un millier de manifestants à Antananarivo, arrestations et tirs de gaz lacrymogène
Madagascar: un millier de manifestants à Antananarivo, arrestations et tirs de gaz lacrymogène / Photo: © AFP

Madagascar: un millier de manifestants à Antananarivo, arrestations et tirs de gaz lacrymogène

"Le problème, c'est le système": au moins un millier de personnes se sont mobilisées jeudi à Antananarivo, à l'appel d'un mouvement né le 25 septembre, pour protester contre le pouvoir en place dans une atmosphère tendue avec des arrestations et tirs de gaz lacrymogènes.

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Madagascar est le théâtre depuis deux semaines d'un mouvement de protestation né d'un ras-le-bol des coupures incessantes d'eau et d'électricité, qui s'est mué en une contestation plus large, notamment dirigée contre le président Andry Rajoelina, 51 ans.

Le mouvement Gen Z, instigateur des manifestations, a également appelé à la grève générale jeudi.

- "Dans la galère" -

Après avoir renvoyé tout son gouvernement pour tenter d'éteindre la contestation générale ayant gagné cette île très pauvre de l'océan Indien, le président Andry Rajoelina a repris la main en nommant lundi un militaire Premier ministre, le général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo, méconnu du grand public.

Les trois premiers ministres du nouveau gouvernement connus depuis mardi sont ceux des Armées, de la Sécurité publique et la Gendarmerie, car le pays "n'a plus besoin de perturbation mais de paix", a-t-il souligné, braquant le mouvement de contestation.

"On vit toujours dans la galère. Le problème, c'est le système. Depuis qu'on a obtenu l'indépendance de la France (en 1960, NDLR), notre vie ne s'est pas améliorée", clame, parmi les manifestants Heritiana Rafanomezantsoa, 35 ans.

Dans le centre de la capitale, au moins un millier de protestataires, pour certains équipés de masques à gaz et de plongée, se sont réunis à la mi-journée près du lac d'Anosy avant d'être dispersés par un recours immédiat et important au gaz lacrymogène, aux tirs de balles de caoutchouc, ainsi qu'aux charges d'engins blindés, selon une équipe de l'AFP.

Le mouvement a semblé s'essouffler ces derniers jours malgré des rassemblements quasi quotidiens dans Antananarivo, comme dans les autres grandes villes du pays. Un cortège de centaines de manifestants a encore été signalé jeudi à Toliara, grande ville du sud du pays.

"Il y a un proverbe malgache qui dit +les boeufs qui dorment ensemble ne se réveillent pas en même temps+. On veut que tout le peuple nous rejoigne", exhorte Heritiana Rafanomezantsoa, responsable de projet.

"Le président est égoïste, il fait des promesses mais il ne les réalise pas. Je n'y crois plus", témoigne Niaina Ramangason, étudiant de 20 ans à l'Ecole polytechnique d'Antananarivo.

Andry Rajoelinat a été élu en 2018 et réélu en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et boudé par plus de la moitié des électeurs inscrits.

- "Dérive militaire" -

En réaction aux nominations au sein du gouvernement cette semaine, plus de 200 organisations de la société civile malgache ont fait part jeudi de leurs "inquiétudes quant à une dérive militaire dans la gouvernance du pays, plutôt qu'une recherche d'apaisement et d'arrêt des répressions".

Au moins 22 personnes ont été tuées dans les manifestations et une centaine blessées, d'après un bilan le 29 septembre de l'ONU, des "chiffres erronés" d'après le chef de l'Etat jeudi.

"Il y a eu des pertes de vies humaines qui se chiffrent à 12, et l'ensemble de ces gens, ce sont des pilleurs, des casseurs", a-t-il affirmé au micro de la chaîne française Réunion la 1ère.

Autre nouveauté, alors que les manifestants arrêtés étaient auparavant libérés sans charge, 28 d'entre eux ont été présentés devant un juge au parquet, selon un communiqué mercredi d'un collectif d'avocats les défendant bénévolement.

Cinq d'entre eux ont été placés en détention provisoire dans la prison de Tsiafahy, "enfer carcéral" surpeuplé d'après Amnesty International. Les agents pénitentiaires de la prison d'Antanimora, à Antananarivo, sont en grève et ne reçoivent plus de nouveaux détenus.

Il est difficile d'estimer à quel point l'appel à la grève est suivi mais le personnel de plusieurs lycées publics de la capitale a annoncé le suivre.

A Madagascar, 80% de la population au moins vit avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.

A.Ruegg--VB