Volkswacht Bodensee - En Grèce, les animaux sauvages victimes des incendies et de la canicule

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En Grèce, les animaux sauvages victimes des incendies et de la canicule
En Grèce, les animaux sauvages victimes des incendies et de la canicule / Photo: © AFP

En Grèce, les animaux sauvages victimes des incendies et de la canicule

Une vieille tortue, la carapace calcinée et enduite de pommade, agite ses membres avec difficulté dans une clinique animale d'Athènes.

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Ses écailles mortes ont été patiemment retirées à la pince.

Sous sédatifs, l'animal de plus de 50 ans est l'une des victimes du changement climatique qui bouleverse la faune en Grèce, frappée chaque été par des incendies ravageurs et des vagues de chaleur intense.

"Elle était profondément affaiblie, la bouche ouverte, et elle peinait à respirer à cause de la fumée", se désole le vétérinaire Grigorios Markakis dans le centre de secours de l’ONG Anima, qui soigne les animaux orphelins, blessés ou malades.

"Aujourd’hui, elle va mieux" mais le pronostic reste sombre, prévient-il. "Si toute la carapace a brûlé, imaginez les dégâts internes...".

"À mon avis, la plupart de ses organes vitaux sont désormais défaillants", souffle M. Markakis, 28 ans, dans cette clinique qui prend en charge hérissons, serpents, cigognes, hiboux...

- Explosion des admissions -

L’organisation constate une forte augmentation des admissions, largement due au changement climatique responsable d’épisodes de chaleur plus longs, plus intenses et plus fréquents, attisant les feux de forêt et générant d’autres menaces pour la faune.

Cet été, le pays méditerranéen a encore subi de violents incendies, notamment autour d’Athènes.

Selon la Protection civile, 45.000 hectares sont partis en fumée depuis début 2025.

"Ces feux sont désormais plus difficiles à contenir", explique Nikos Georgiadis, de l'antenne grecque de l'ONG écologiste WWF. "Ils anéantissent souvent des zones entières d’habitat essentiel, tuant directement les animaux et en déplaçant beaucoup d’autres".

L'expert pointe également du doigt les sécheresses prolongées et la hausse des températures, qui "réduisent l’eau et la nourriture disponibles".

Anna Manta, membre du personnel d’Anima, dénonce elle aussi une situation alarmante. Lors des feux, "des oiseaux sautent littéralement de leur nid (...) ils arrivent rôtis vivants", insiste-t-elle.

En juillet, en pleine canicule qui a vu le thermomètre s'envoler largement au-dessus des 40°C, Anima a pris en charge 1.586 animaux. En juin, ils étaient 2.125, soit près de 300 de plus que l’année précédente.

Parmi eux figuraient de nombreux jeunes vautours, émaciés et déshydratés, incapables de trouver de l’eau ou victimes de leur inexpérience. "En Crète, ils se jettent dans la mer pour boire et sont empoisonnés par le sel", précise Mme Manta.

Soignés avec des médicaments et des perfusions, les animaux séjournent ensuite dans des enclos extérieurs avant d’être relâchés dans la nature au bout de six mois.

L’un des jeunes vautours vient de recevoir une perfusion intraveineuse. Une employée d'Anima le transporte dehors, le visage crispé. Des poux de l’oiseau affaibli grimpent sur elle.

"Le changement climatique affecte aussi les micro-organismes et les parasites, et donc la transmission des maladies", déplore le vétérinaire Grigorios Markakis.

- Une guérison "magique" -

Dans le centre d'Anima, un hibou est perché sur un écran d’ordinateur. Lorsque la présidente de l'organisation, Maria Ganoti, se met à taper sur son clavier, l’oiseau tourne la tête et baisse ses grands yeux orangés pour observer ses gestes.

Plus tard, il scrute des personnes qui apportent une boîte à chaussures contenant une caille attaquée par des chats, puis un renard renversé par une voiture. Un phénomène en nette augmentation.

Selon Nikos Georgiadis, la cause profonde de ces incidents réside dans la dégradation des habitats, mais aussi dans "l’expansion des zones urbaines, à proximité ou à l’intérieur des forêts, qui pousse renards et autres animaux à s’aventurer en ville".

Avant d’emmener l'animal blessé sur la table d’opération, M. Markakis raconte "l'un des plus beaux moments" de sa carrière, lorsqu'il a relâché dans la nature un jeune renard souffrant d'un grave traumatisme crânien et qu'il a pu soigner.

"Je lui ai jeté un dernier regard, j’ai ouvert la porte de sa cage et il a disparu immédiatement. Sans même un merci !", s'exclame-t-il en riant. "Mais c’était magique".

W.Huber--VB