
-
Une journaliste russe critique de l'invasion de l'Ukraine exfiltrée en France par RSF
-
L'UE va investir 500 millions d'euros pour attirer les chercheurs
-
Les Britanniques célèbrent en fanfare les 80 ans de la fin de la dernière guerre mondiale
-
Ces cardinaux en vue au conclave qui élira le prochain pape
-
Nouvelles frappes américaines au Yémen, 16 blessés selon les Houthis
-
Grève SNCF: le trafic francilien "fortement perturbé" sur certaines lignes
-
L’Indonésie suspend à son tour la crypto-monnaie Worldcoin
-
Donald Trump annonce des "droits de douane de 100%" sur les films produits à l'étranger
-
La Bourse de Paris marque une pause avant la réunion de la Fed
-
Boris Pistorius, le populaire ministre chargé de réarmer l'Allemagne
-
Grève SNCF: le trafic francilien "fortement perturbé" lundi sur certaines lignes
-
Kim Kardashian prête à "affronter" ses agresseurs, selon ses avocats
-
Début du procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop P. Diddy
-
Dans les forêts de l'Inde, les derniers feux d'une insurrection cinquantenaire
-
Trump ordonne de rouvrir l'emblématique prison d'Alcatraz
-
Flèches contre tracteurs: la bataille silencieuse dans l'Amazonie péruvienne
-
Brésil: un attentat déjoué lors du concert de Lady Gaga
-
Les Britanniques célèbrent les derniers vétérans de la Seconde Guerre mondiale
-
Jugement attendu dans le procès pour cyberharcèlement de Thomas Jolly
-
Macron et von der Leyen appellent les chercheurs étrangers à choisir l'Europe
-
François Bayrou à Marseille pour engager une réflexion sur le financement des transports de demain
-
F1: McLaren intouchable à Miami, nouveau succès pour Piastri
-
Roumanie: l'extrême droite domine le premier tour de la présidentielle
-
Ligue 1: Marseille rate une occasion mais garde la main, Saint-Etienne s'enfonce
-
Tennis: vainqueur à Madrid, l'éternel second Ruud brille enfin
-
Roumanie: le candidat d'extrême droite en tête du premier tour de la présidentielle
-
Cryptomonnaies: un homme libéré deux jours après son enlèvement contre rançon, sept gardes à vue
-
Angleterre: Chelsea s'offre le champion Liverpool
-
Allemagne: le Bayern achève avec succès son opération reconquête
-
Trump "ne sait pas" s'il doit respecter la Constitution
-
Allemagne: Harry Kane brise enfin la malédiction avec le Bayern
-
Champions Cup: un Bielle-Biarrey virevoltant a fait plier Toulouse
-
Ligue 1: battu par Lens, Lyon perd du terrain sur la C1
-
Champions Cup: Bordeaux-Bègles s'offre le scalp de Toulouse et une finale
-
Grève SNCF: trafic francilien "fortement perturbé" sur certaines lignes lundi
-
Angleterre: Newcastle gratte un point, Manchester United fait l'impasse
-
Après un an de gouvernement de droite, le Portugal de nouveau en campagne
-
La Roumanie rejoue la présidentielle, l'extrême droite favorite
-
Espagne: le Real Madrid tremble mais s'accroche grâce à Mbappé et Güler
-
Challenge européen : Lyon de retour en finale en écartant le Racing 92
-
Référendum sur le budget: l'idée de Bayrou accueillie avec fraîcheur
-
Allemagne: à Ravensbrück, des survivants appellent à combattre le racisme et l'antisémitisme
-
Chute d'un missile dans l'enceinte de l'aéroport de Tel-Aviv après un tir du Yémen
-
La Roumanie de retour aux urnes, l'extrême droite favorite de la présidentielle
-
Grève SNCF: "Nous sommes loin d'une semaine noire", affirme le PDG de SNCF Voyageurs
-
Espagne: "de nombreux jours" pour connaître les causes de la méga-coupure, avertit la ministre de l'Environnement
-
Chute d'un missile près de l'aréoport de Tel-Aviv après un tir du Yémen
-
Rien n'arrête les mariages au Cachemire pakistanais, pas même les tensions avec l'Inde
-
Cryptomonnaies: un homme libéré deux jours après son enlèvement contre rançon, cinq interpellations
-
Les paramilitaires bombardent l'aéroport de Port-Soudan, selon l'armée

Au Kirghizstan, un tabac à chiquer qui empoisonne l'économie et la santé
Tirant de sa poche un flacon de plastique, Askarbek Douïcheev verse dans sa paume quelques boulettes verdâtres qu'il cale sous sa langue: du nasvaï. Ce tabac à chiquer, nocif, est très populaire en Asie centrale et crucial pour l'économie fragile du sud du Kirghizstan.
"Ca fait deux ans que je fais pousser du tabac pour produire du nasvaï. Que faire d'autre ? Il n'y a pas de travail dans la région de Batken", raconte ce fermier rencontré par l'AFP à Kara-Boulak, village à quelque mille kilomètres au sud-ouest de la capitale Bichkek.
"Il faut bien gagner de l'argent et nourrir sa famille", poursuit-il, les yeux rieurs et le geste alerte, coupant à la serpe des feuilles de tabac.
Au Kirghizstan, une ex-république soviétique en difficulté économique, la province de Batken est la plus démunie : selon les statistiques officielles, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 540 euros par an et par personne), une tendance en nette augmentation.
Alors dans le "berceau du nasvaï", gagner sa vie se résume souvent à un choix: émigrer pour travailler en Russie ou faire pousser du tabac à nasvaï.
La production non réglementée de ce produit addictif et cancérigène fait vivre un tiers de la population de la région, selon l’organisation "Kirghizstan sans tabac".
- Recette mystérieuse -
En ce début d’automne dans la région de Batken, les granges et greniers regorgent de feuilles de tabac mises à sécher.
Faute de place chez lui, Askarbek Douïcheev a loué une pièce chez son voisin, parti travailler en Russie, comme des millions de Kirghiz. "Il ne faut pas rester longtemps, l'odeur est trop forte", prévient-il.
Séchées, broyées, puis mélangées à des ingrédients mystérieux, généralement de la chaux, de l'huile voire de la fiente de volaille, les feuilles de tabac sont transformées en nasvaï, que le consommateur glissera entre gencive et lèvre.
"Le secret, c'est simplement de mélanger trois à quatre ingrédients", explique à l'AFP Israïl Khakimov, producteur de nasvaï.
Mais chiquer ce tabac peut entraîner une longue liste de problèmes de santé.
"La consommation de nasvaï peut entraîner des maladies gastro-intestinales, bucco-dentaires, du foie, le cancer des lèvres, de la gorge et de l’estomac", résume le docteur Saïpidine Toroev, cancérologue à l'hôpital de Batken.
"Le nasvaï est dangereux, car en étant placé dans la bouche, la salive le fait pénétrer dans l'estomac puis le sang, causant des dommages dans tout le corps", explique-t-il à l'AFP, pointant aussi du doigt l'effet psychotrope et addictif de la substance.
Bien moins cher que la cigarette, le nasvaï est extrêmement populaire, et sa consommation a explosé ces dernières années, auprès des femmes comme des hommes, selon le ministère de la Santé.
Quantifier le phénomène reste cependant très difficile, car contrairement aux cigarettes, la production et la vente de nasvaï étant essentiellement du domaine de l'économie informelle.
- Dilemme -
Se pose donc un dilemme pour les pouvoirs publics : éradiquer un problème de santé publique ou laisser faire pour soutenir économiquement une région agricole souffrant déjà d'un manque d’eau et de nombreux conflits frontaliers avec le Tadjikistan ?
Alicher Seïdakmatov, en charge du développement agricole de la région, assure à l'AFP qu'il est "aussi rentable de cultiver des fruits et des légumes".
Un avis loin d'être partagé par plusieurs producteurs, comme M. Douïcheev.
"J'ai dû faire pousser du tabac car mon salaire de garde forestier était insuffisant, avec des patates je n'aurais pas gagné autant. J'étais payé moins de 10.000 soms par mois (environ 100 euros) et même si mon salaire a été doublé (pour suivre la forte inflation), je devais trouver un autre travail" explique-t-il.
Avec sa production relativement modeste de nasvaï --une demi-tonne vendue l'an dernier-- ce fermier de 59 ans a gagné l’équivalent de son salaire annuel de garde forestier lors de la précédente récolte, soit "220.000 soms (2.300 euros)".
Une production écoulée par sacs de cinquante kilos le samedi à Batken, sur le "seul marché au tabac d'Asie centrale", où défile un ballet de camions et fourgonnettes.
Devant le stand de Jounoussali Seïdakmatov, un acheteur s'approche, prend une poignée de tabac, le frictionne et le sent dans de grandes inspirations.
Les négociations débutent, le ton monte, les badauds approchent. Mais impossible de tomber d'accord pour une différence de cinq centimes d'euros au kilos.
"Il voulait que je lui vende pour 445 soms le kilo (4,5 euros), j'en attendais 450", explique ce quinquagénaire portant le kalpak, chapeau traditionnel kirghiz en feutre blanc.
"Tant pis, j'ai déjà vendu plus de 80 kilos".
E.Gasser--VB