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Journal d'un agriculteur: les "petits" ont-ils encore leur place ?
"Le métier change, tu ne pourras plus garder cet esprit familial." Jérôme Caze, 38 ans, a raconté durant un an à l'AFP son difficile quotidien de "petit" agriculteur dans le Lot-et-Garonne, avec ses craintes et ses joies.
Galères financières, sacrifices, relations contrariées avec les consommateurs, réparations "à la McGyver"... au gré des rencontres, ce maraîcher et éleveur, "apolitique" et non syndiqué, a dévoilé les coulisses de son exploitation en évoquant les doutes et les défis d'un monde agricole protéiforme, qui crie son désespoir lors de manifestations récurrentes.
Avec, en fil rouge, l'angoisse de la survie de son exploitation de 40 hectares à Meilhan-sur-Garonne, où il vit avec sa femme et leurs trois enfants. Et une question, plus large: le modèle agricole historique, basé sur de petites et moyennes fermes familiales, a-t-il encore un avenir ?
Passé d'1,5 million en 1970 à 400.000 en 2020, le nombre d'exploitants n'a cessé de fondre. Dans 10 ans, la moitié des paysans français auront l'âge de la retraite, quand seulement 14.000 jeunes agriculteurs - ceux dont le projet est validé et subventionné durant cinq ans par l'État - s'installent chaque année.
- "Petit bras" -
"Quand tu te lances, tu investis autant que tu éternues", souligne Jérôme Caze, pour qui l'acharnement au travail, la "vaillance" tant vantée dans le milieu durant des générations, ne suffit plus pour s'en sortir.
À ses débuts, ce fils d'agriculteurs - comme ne le sont plus qu'un tiers des nouveaux chefs d'exploitation aujourd'hui - a déboursé plus de 300.000 euros pour construire des bâtiments d'élevage de poulets label rouge, racheter des terres et acquérir une série d'outils et de matériels aussi communs qu'indispensables : du tracteur aux grillages et piquets, par centaines.
Son regret ? Avoir été "petit bras", en renonçant à un plus gros emprunt qui aurait doublé la taille du cheptel.
Quand ses aides à l'installation ont pris fin, produire plus l'aurait aidé à gagner davantage que les 15.000 euros de bénéfice brut annuel dans lesquels il puise pour "vider la bannette des factures à payer"... et qui l'ont obligé à recourir au RSA.
"Le seuil d'entrée dans la profession est toujours élevé" pour les petites exploitations car les volumes des marchés et les normes réclamées nécessitent des investissements lourds, explique Vincent Chatellier, économiste à l'Inrae.
Selon lui, en se tournant vers des productions "moins soumises à la concurrence mondiale", du classique poulet label rouge aux races ou variétés originales, les "petits" s'en sortent "très bien" en étant "très professionnels", "spécialisés" et "capables de choix stratégiques".
En cours d'année, Jérôme Caze a stoppé l'activité historique de maraîchage de la ferme familiale, la réduisant à l'achat-revente de fruits et légumes, pour lancer un élevage de porc Duroc.
Cette race à viande "rustique", "rare" et haut de gamme, est élevée au seau, en plein air, dans des parcours "proches des conditions naturelles", mis en place grâce au "système D".
- "Univers de furieux" -
"Mon installation est limitée à 50 têtes par la réglementation, l'objectif c'est de l'agrandir petit à petit pour la doubler. En vendant quatre porcs par mois, à 1.000 euros pièce, moins les charges, j'en tirerai un salaire", calcule Jérôme, parti en quête de débouchés pour les écouler.
Pour Luc Sonilhac, qui l'a formé dans un Centre de formation des apprentis (CFA) agricole à La Réole (Gironde), savoir vendre est indispensable pour les petites structures.
"Si vous ne voulez pas être lié à une coopérative, alors il faut sortir, paraître, jusqu'à se caricaturer... parler fort ou forcer l'accent pour vendre sur les marchés gourmands, qui cartonnent l'été", sourit l'enseignant.
Il estime à 60% le taux de survie des exploitations des diplômés sortis de cet établissement de formation, 10 ans après leur installation, dans un secteur où les modèles "se réinventent".
Au niveau national, le taux de maintien des jeunes exploitations est de 77% sur six ans, tandis qu'une vague d'abandons emporte régulièrement, au bout de quelques années, les jeunes maraîchers installés sans aides ni formation, selon des experts interrogés par l'AFP.
"Commercial" mais aussi "comptable", "phytothérapeute", "dans cet univers de furieux": le paysan doit "cumuler les casquettes" en plus de produire, pointe M. Sonilhac.
Ajoutez le besoin de machines et de certaines technologies, la complexification des travaux et des exploitations, et les activités agricoles sont de plus en plus externalisées, observe le sociologue François Purseigle dans son livre "Une agriculture sans agriculteurs".
Selon ses recherches, la sous-traitance, où l'agriculteur confie des travaux à un tiers, est en plein essor (+53% en 16 ans).
- Déclin -
"On a comparé avec l'époque où mon père semait le maïs toute la semaine, avec la famille et les voisins qui aidaient sur tout le reste, eh bien aujourd'hui, l'entreprise extérieure le fait pour moins cher", constate Jérôme Caze.
"Le travail change, tu ne pourras plus garder cet esprit familial", juge-t-il.
Selon le dernier recensement Agreste, les micros et petites exploitations représentent encore 55% des fermes du pays mais seulement 10% de la production.
"Si l'agriculture française demeure familiale, cela ne tient plus qu'à un fil : celui du chef d'exploitation travaillant seul (42% des exploitations) ou avec des salariés et associés non familiaux", indique M. Purseigle.
Le modèle traditionnel "coexiste avec des formes plus complexes", comme l'association de fermes entre elles, sans lien de parenté, en forte augmentation (+79% en 16 ans), pointe-t-il.
Ces grosses structures, "où chacun amène sa propre spécialisation", ont des productions "diversifiées" et sont compétitives sur les volumes, relève M. Chatellier.
En mutualisant leurs salariés, elles assurent aussi quelques semaines de vacances à chacun des agriculteurs associés. Car "petite taille ne veut pas dire meilleure qualité de vie, bien au contraire", conclut le chercheur.
- S'associer, "c'est comme un mariage" -
Ces modèles d'installation à plusieurs, en plein boom, apportent des "aides supplémentaires" et permettent de rompre avec "l'isolement", renforcé par le dépeuplement de la profession, abonde M. Sonilhac.
Mais pour Jérôme Caze, "travailler avec des associés, c'est comme un mariage. Quand ça se passe bien, c'est magnifique, mais quand le divorce arrive, c'est tout l'inverse".
Pour relancer son exploitation, il sera bientôt rejoint par son épouse Sandra, ex-fonctionnaire territoriale fraîchement diplômée du brevet de responsable d'entreprise agricole.
Un modèle qui tend lui aussi à s'effacer, observe M. Purseigle. Seule une femme de paysan sur cinq travaille aujourd'hui comme agricultrice: elles étaient trois fois plus nombreuses dans les années 1980.
I.Stoeckli--VB