Volkswacht Bodensee - Dans la capitale nigériane, les randonneurs défient l'insécurité

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Dans la capitale nigériane, les randonneurs défient l'insécurité
Dans la capitale nigériane, les randonneurs défient l'insécurité / Photo: © AFP

Dans la capitale nigériane, les randonneurs défient l'insécurité

Dans une zone en chantier poussiéreuse à la périphérie d'Abuja, une centaine de véhicules sont garés, comme souvent le samedi. Aucun panneau n'indique la présence d'un sentier, et pourtant ce lieu est devenu un point de rendez-vous régulier pour les randonneurs amateurs de la capitale nigériane.

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"La plupart des sentiers de randonnée à Abuja ne sont pas cartographiés", déplore Adebayo Babatunde, fondateur du groupe de randonneurs Naija Adventurers. Une situation regrettable, selon lui, "car la nature est un endroit magnifique, auquel nous avons tous besoin de nous reconnecter".

Dans cette capitale encerclée de collines verdoyantes mais presque dépourvue de sentiers publics, quelques groupes comme le sien se sont constitués pour organiser des sorties régulières.

Samedi, plus de 400 participants ont gravi les affleurements rocheux qui dominent les plaines du centre du Nigeria, au cours d'une randonnée de 2,5 kilomètres.

"Cela me permet de rester en forme", explique Jeremiah Makpum, un habitué de 32 ans, ajoutant que la présence d'un grand nombre de personnes l'aide à se sentir en sécurité - un aspect important dans un pays en proie à des attaques jihadistes régulières et à la menace de groupes criminels adeptes des enlèvements contre rançon.

Comme les autres groupes de randonnée d'Abuja, Naija Adventurers ne communique l'itinéraire exact de ses excursions qu'au moment du départ.

- Musique et aérobic -

Quelques jours plus tôt, les organisateurs se sont rendus sur place pour repérer les lieux, explorant des sentiers utilisés par des agriculteurs ou des éleveurs, initialement loin d'être conçus pour la marche récréative.

Même si ce jour-là la promenade est courte, contrairement aux longues marches habituellement proposées, l'organisation reste rigoureuse, avec des bénévoles, des agents de sécurité et un personnel médical présents.

"En cas d'incident, vous seriez surpris du nombre d'armes qui sortiront", assure à l'AFP Esesua Adeyemi, une autre organisatrice, en référence aux volontaires en civil armés qui veillent discrètement sur les randonneurs.

Alors que le groupe atteint le premier sommet, un vaste paysage de terres agricoles et de rochers d'un vert éclatant grâce aux pluies saisonnières se dresse devant eux.

Mais pour ceux qui recherchent une communion paisible avec la nature, la balade proposée par les Naija Adventurers n'est sans doute pas la plus adaptée.

L'un des organisateurs porte un drapeau sur lequel est inscrit "Born To Explore" ("Né pour explorer"), et à ses côtés certains randonneurs en sueur transportent des enceintes diffusant de la musique afrobeats tout au long du parcours.

Pendant la pause, des participants se mettent à danser et à faire de l'aérobic.

Sur le chemin, des vendeurs transportent des lunettes de soleil, des parfums et des boissons, qu'ils vendent sur des couvertures étalées au sommet d'une falaise, pendant que des hommes exhibant des abdominaux sculptés déroulent des tapis de yoga et se lancent des défis sportifs.

Avec l'urbanisation rapide du pays, beaucoup de Nigérians grandissent sans aucun contact avec la nature.

"Nous avons des cascades, des barrages, des fermes, beaucoup d'attractions touristiques à Abuja", explique Kingsley Uche, fondateur de Kay Hikers, un groupe de randonneurs qui compte 5.000 membres. "Le problème,c'est que le gouvernement ne s'y intéresse pas", déplore-t-il.

- Insécurité -

Le Nigeria possède plusieurs parcs nationaux, souvent situés le long de routes dangereuses en proie à des attaques criminelles.

En avril, la police a mis en garde contre la randonnée et le camping dans le territoire de la capitale fédérale.

A Abuja, la connaissance de la plupart des sentiers repose sur le bouche-à-oreille: leurs emplacements ne sont pas balisés, même si Esesua Adeyemi précise que les organisateurs sont en contact avec le ministère du Tourisme et de la Culture pour faire cartographier les zones de randonnée.

La première fois que Joseph Eze est parti en randonnée, il y a trois ans, ses jambes ont tellement tremblé qu'il a ralenti l'ensemble du groupe. Aujourd'hui, cet agriculteur de 33 ans fait partie de plusieurs groupes de randonneurs.

"C'est de l'exercice, c'est bon pour ma santé", confie-t-il à l'AFP, ajoutant que la taille du groupe de randonneurs facilite les interactions avec de nouvelles personnes. "Ça permet de se vider la tête", assure-t-il.

B.Baumann--VB