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Thaïlande: la Première ministre présente ses excuses mais reste fragilisée
Thaïlande: la Première ministre présente ses excuses mais reste fragilisée / Photo: © AFP

Thaïlande: la Première ministre présente ses excuses mais reste fragilisée

La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra, menacée par le délitement de sa coalition, a présenté jeudi ses excuses après ses remarques sur l'armée jugées inappropriées par ses rivaux conservateurs, sur fond de tensions avec le Cambodge.

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La dirigeante demeure fragilisée par le départ de son principal allié, mercredi, qui laisse son gouvernement à la merci d'un revirement d'alliance, courant en Thaïlande, qui le condamnerait et provoquerait des élections anticipées.

Des crises agitent régulièrement le royaume, où la querelle entre la famille Shinawatra et les élites militaro-royalistes polarise le débat depuis plus de vingt ans.

La deuxième économie d'Asie du Sud-Est a déjà changé de Premier ministre l'an dernier, mais ce pic de tensions s'inscrit dans une nouvelle donne mondiale marquée par l'offensive protectionniste américaine, qui menace de gripper une croissance fragile.

"J'aimerais présenter mes excuses (...) Nous devons rester unis et éviter le conflit entre nous", a déclaré Paetongtarn, debout devant des responsables militaires, dans une rare image de cohésion.

Depuis mercredi, des appels de plus en plus sonores ont isolé , critiquée par le camp conservateur pour son ton jugé irresponsable vis-à-vis des forces armées, lors d'une conversation téléphonique - qui a fuité - avec l'ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen.

- Soutien de l'armée -

Peu après la mise en ligne de l'enregistrement, par Hun Sen lui-même, le parti Bhumjaithai, le principal soutien de la formation au pouvoir Pheu Thai, a claqué la porte de la coalition, en critiquant la dirigeante qui a gâché la "dignité" des Thaïlandais.

Parmi les scénarios évoqués, la dissolution de l'hémicycle pour organiser des élections anticipées sous 60 jours, ou la nomination d'un nouveau chef du gouvernement sur les bases d'une majorité similaire.

En présentant ses excuses, Paetongtarn a gagné un répit. Au cours de la journée, elle a reçu le soutien d'au moins deux partis alliés, de même que celui de l'armée, qui occupe une place centrale dans la vie politique locale, le plus souvent au détriment des Shinawatra, leur bête noire.

Les militaires, à l'origine d'une douzaine de coups d'Etat réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, ont affirmé leur adhésion aux "principes démocratiques" et aux mécanismes légaux existants, tout en se tenant prête pour défendre la "souveraineté nationale".

Par le passé, ils ont organisé un putsch pour déloger du pouvoir le père de Paetongtarn, Thaksin, ainsi que sa tante, Yingluck, ce qui a irrémédiablement alimenté les rumeurs d'un nouvelle intervention lors des dernières heures.

De son côté, le parti du Peuple, la principale formation d'opposition - qui a repris l'étendard de Move Forward, le mouvement prodémocratie victorieux des législatives de 2023 avant sa dissolution -, a appelé à la démission de Paetongtarn.

- "Oncle" Hun Sen -

"Ce qui s'est passé hier (mercredi) est une crise au plus haut niveau qui a détruit la confiance du peuple", a déclaré le chef de file de la formation réformiste, Natthaphong Ruengpanyawut.

Des centaines de manifestants, parmi lesquels des anciens "Chemises jaunes", ces partisans du roi et de l'ordre traditionnel rivaux des "Chemises rouges" pro-Shinawatra à la fin des années 2000, ont battu le pavé jeudi devant le palais du gouvernement, à Bangkok, pour réclamer le départ de sa locataire.

Dans l'enregistrement téléphonique qui a fuité, Paetongtarn, 38 ans, appelle Hun Sen, 72 ans, considéré comme un proche des Shinawatra, "oncle", une formule de politesse courante en Asie mais interprétée comme un signe trop familier ou révérencieux dans ce contexte par ses adversaires.

Elle a aussi assimilé à un "opposant" un général chargé de surveiller une partie de la frontière avec le Cambodge. Son objectif était d'apaiser les tensions à la frontière, ravivée fin mai par la mort d'un soldat khmer lors d'un échange de coups de feu, s'est-elle défendue.

"Je suis très déçue par le dirigeant cambodgien pour avoir mis en ligne l'enregistrement. Je ne pense pas qu'aucun autre dirigeant dans le monde aurait agi de cette manière", a insisté jeudi Paetongtarn, la plus jeune Première ministre de l'histoire du royaume, qui a promis d'être plus "prudente" à l'avenir.

Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a aussi remis jeudi à l'ambassadeur cambodgien une lettre de protestation. Au cours de la journée, l'indice de la Bourse de Bangkok a perdu près de 2,4%.

R.Flueckiger--VB