Volkswacht Bodensee - L'Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique

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L'Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique
L'Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique / Photo: © AFP

L'Indonésie veut se convertir au nucléaire pour réussir son ambitieuse transition énergétique

L'Indonésie veut se convertir rapidement au nucléaire pour répondre à la demande croissante d'électricité, mais les experts se montrent sceptiques en raison du coût et de la difficulté historique de Jakarta à réaliser de grands travaux.

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En février 1965, le président Sukarno, père de l'indépendance indonésienne, inaugurait le premier réacteur nucléaire expérimental du pays.

Soixante ans plus tard, la plus grande économie d'Asie du Sud-est compte certes trois réacteurs de recherche mais ne possède toujours pas de centrale destinée à la production électrique.

Si un charbon abondant et peu onéreux mais très polluant a permis jusqu'ici à l'archipel de subvenir à ses besoins, "le nucléaire sera nécessaire pour contenir l'augmentation de la demande et finalement réduire les émissions", estime Philip Andrews‑Speed, chercheur à l'Institute for Energy Studies d'Oxford.

Le président Prabowo Subianto a promis d'atteindre la sécurité énergétique tout en s'engageant à éliminer l'électricité issue du charbon en 15 ans - un calendrier jugé extrêmement ambitieux - et à atteindre des émissions nettes nulles d'ici à 2050.

Le premier site nucléaire qui doit être construit sur l'île de Bornéo "sera opérationnel entre 2030 et 2032", a affirmé fin avril Bahlil Lahadalia, ministre de l'Energie et des ressources minérales.

Le premier réacteur, d'une capacité de 250 à 500 mégawatts (MW), sera un SMR (Small Modular Reactor), une technologie de petit réacteur moins puissant que les réacteurs à eau pressurisés présents dans le monde, d'une puissance pouvant aller jusqu'à 1650 MW.

"Jusqu'à maintenant, 29 sites potentiels ont été identifiés, répartis dans différentes régions, notamment le nord Sumatra, les îles Riau (nord), Bornéo (ouest et est), les Célèbes et la Papouasie", a précisé à l'AFP Dadan Kusdiana, secrétaire général du Conseil national de l'Energie (DEN).

Les futures centrales nucléaires doivent être construites en dehors de Java, afin de développer les économies du centre et de l'est de l'archipel et de se rapprocher des activités minières, gourmandes en énergie.

Pour répondre à l'objectif d'un mix énergétique de 80% d'énergie renouvelable d'ici 2060, "nous devons accélérer la construction de centrales nucléaires", a expliqué récemment le ministre adjoint de l'Energie, Yuliot Tanjung. L'énergie solaire comme celle issue de la géothermie ou des barrages ne sera de fait pas suffisante.

Sur une capacité électrique totale de plus de 430 gigawatts estimée en 2060, les 29 premières centrales nucléaires pourraient produire entre 45 et 54 gigawatts, selon le DEN.

Si la catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon provoquée par un séisme suivi d'un tsunami, a ralenti de nombreux projets en Asie, l'Indonésie, qui connaît une activité sismique et volcanique fréquente, assure pourtant que le risque peut être géré.

"Les zones de Java nord, Est Sumatra et Bornéo ouest et centre sont considérées comme à bas risque", a expliqué Andang Widi Harto, chercheur en ingénierie nucléaire à l'université de Yogyakarta, ces régions étant "à faible risque sismique et volcanique".

- Russie, Chine et Canada sur les rangs -

Plusieurs fournisseurs de centrales nucléaires ont "manifesté un sérieux intérêt", a indiqué M. Kusdiana, citant le russe Rosatom, le chinois CNNC ainsi que Candu Canada.

La société américaine ThorCon, présente en Indonésie, a développé de son côté un projet de centrale flottante, fonctionnant non pas au combustible d'uranium mais au thorium, et qui pourrait être installée à Bangka Belitun (Sumatra).

"Le DEN a aussi rendu visite à EDF SA (en France) pour explorer les opportunités de coopération en matière de construction de réacteur nucléaire, de formation et de transfert de technologie", a assuré M. Kusdiana.

Une affirmation non confirmée par EDF qui a indiqué à l'AFP, n'avoir "pas de discussions en cours sur le nucléaire avec l'Indonésie". Bernard Fontana, Pdg d'EDF fait pourtant bien partie de la délégation qui accompagne Emmanuel Macron cette semaine en Indonésie.

L'autre français Orano, spécialiste du combustible nucléaire, a indiqué également "n'avoir pas de discussion en cours avec l'Indonésie".

Si les ambitions nucléaires de Jakarta sont clairement affichées, la faisabilité à court terme du projet suscite des réserves.

"Je suis enclin à rejoindre les sceptiques quant à la capacité de l'Indonésie à déployer l'énergie nucléaire à une échelle significative au cours des dix prochaines années", relève M. Andrews‑Speed.

Dwi Sawung, responsable de l'ONG locale Wahli, estime lui que l'Indonésie n'y est "pas prête. Les principaux obstacles sont le niveau de corruption élevé et le risque d'ingérence par le gouvernement et les politiciens".

"Le coût est également élevé. Or il ne reste pas assez d'argent dans le budget de l'Etat et de l'opérateur électrique PLN", avance-t-il encore.

L'avantage de privilégier des SMR à la place de réacteurs conventionnels, "c'est que le défi financier est réduit", relève cependant M. Andrews‑Speed.

Et sans donner de chiffres précis, M. Kusdiana indique que Jakarta discute avec "plusieurs investisseurs potentiels: la Russie, les Etats-Unis, le Danemark, la Corée du Sud et la Chine".

P.Staeheli--VB